Mon patron gagne trop

Il y a quelques semaines une bien bonne nouvelle nous est tombée dessus ! Le salaire des patrons du CAC40 (l’indice boursier des 40 plus grandes entreprises de France) aurait augmenté de 34%. Pour exemple, Carlos Ghosn, le patron de Renault a gagné 9,2 millions d’euros cette année, ce qui équivaut à 190 SMIC annuels environ ! Ça fait rêver non ?

Alors oui, il peut y avoir des raisons à salaire aussi élevé, que je vais bien sûr donner mais aussi décrédibiliser. Pourquoi nos grands patrons sont ils payés autant ? L’argument principale en France c’est le talent ! Le patron du CAC aurait en moyenne plus de talent que tous les autres. Étant donné leur niveau de compétence et la spécificité de ces dernières, leur niveau de rémunération serait tout à fait légitime.

Dans les hautes sphères du CAC, de fortes rémunérations ne traduisent pas de gros écarts de compétences avec les classes subordonnées. Ils sont bien plus intelligents que nous. À l’intérieur de cette classe sociale, de forts écarts s’expliquent par des différences de capitalisation boursière. Dès lors que la capitalisation d’une entreprise est très élevée, un écart minime de compétence se traduit par des gains/pertes importants. Il faudrait donc rémunérer très fortement ces petits écarts de compétences.

Troisième explication : le rôle des chefs d’entreprise dans les conseils d’administration. Cette « élite Française » se retrouve dans les différents conseils d’administration des grandes entreprises. « …22% des administrateurs, détiennent 43% des droits de vote des 40 plus grosses capitalisations boursières de la place de Paris. Le CAC est décrit comme le «réseau le plus puissant» d’Europe par le cabinet Ernst & Young, en raison des liens endogames qui existent entre les sociétés » expliquait Ronan Kerneur, dans le Libération du 14 juin dernier.
Le problème est notamment là. Les grand patrons et administrateurs étant présents dans un très grand nombre de conseils d’administration, ils s’octroient de très fortes rémunérations. On paye bien son petit copain et il nous le rend bien ! Dans un modèle de ce genre, ce type de pratiques est monnaie courante et aucun contrôle n’est imposé.

Mais rien n’est immuable. Les choses peuvent changer mais elles ne se feront pas d’elles même. On pourrait tout à fait diminuer les salaires des patrons du CAC40 par exemple. Plafonner ces salaires serait sûrement un bonne chose. Les mauvaises langues diront que nos élites patronales vont fuir. Ce n’est pas vrai. Les dirigeants ne sont pas mobiles, leur marché est national. Très peu nombreux sont les dirigeants français d’entreprises étrangères. Une doctorante de la Sorbonne, Fabienne Llense, va même jusqu’à expliquer que baisser la rémunération totale maximale des dirigeants permettrait à certaines petites entreprises de trouver de meilleurs managers, et la perte de performance dans les grands entreprises serait compensée par le coût moindre des salaires des dirigeants. C’est donc tout fait envisageable.

Oui mon patron gagne trop. Oui il faut rémunérer les compétences. Mais arrêtons de verser des sommes astronomiques à des dirigeants souvent plus que médiocres. Surtout lorsque le climat social est aussi tendu et dégradé qu’aujourd’hui.

Dreamer

2 réponses à “Mon patron gagne trop

  1. Pour information, Barack Obama devrait proposer au Sénat une limitation de la rémunération des banques publiques à hauteur de 300 000 dollars. En Allemagne, la législation patine pour limiter à un million d’euros tout salaire.

    A bon entendeur, bonne gueule de bois.

  2. Pingback: Mon petit livre rouge « La gueule de bois·

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